Combat nu
L’Aube
Secouait en rond sa chevelure nouvelle
Accrochant aux grands bois des larmes de miel.
Je me baignais dans les rayons voluptueux,
L’herbe fraîchit et les douceurs vermeilles, heureux !
Ses hanches avaient la pureté d’un violon
D’ébène tendre, aux parfums mats des saisons.
Lèvres : mûre, framboise ; d’un souffle de couleur
Frémissaient les prairies ; « voici chanter les fleurs ! ».
Et, rêveur, je sentais la fraîcheur de mon front
Au creux de l’immense épaule ; puis à ses longs
Reins : où la lumière coulait ; j’en bu un peu
Allongé dans les prés, sous l’étendu sein bleu…
Bohème dès lors, j’ai maudit tous les chemins,
Vogué parmi les rousseurs tumultueuses,
Arpenté tous les sentiers verts et orphelins,
Battu les vents cruels des sirènes charmeuses.
J’ai valsé sur les flots bruns des mers inconnues
– Souvent mes voiles ont pleuré dans la tempête –
Remuant les sables lourds des abîmes nus ;
Debout, contre les rafales hurlantes et bêtes.
– J’écoutais les roulis doux moussant d’écume
Des vagues d’argent, brodées de fines étoiles,
Feu follet sur l’eau, dansant comme des plumes
Près de mon cœur, gonflant comme une grande voile –.
J’ai dormi dans les cieux blonds encore chauds,
Lorsque le jour fermait doucement son volet.
Et senti les houles noires, infini sanglot,
Pleurer de longs horizons rouges et violets.
J’ai retrouvé les trésors que l’homme oublia.
Blanche Liberté, ainsi qu’une femme à genou.
J’ai étreint son puissant corp, riant près des bois,
Portant son mouchoir d’azur aux papillons fous.
Au bout, Enfant, j’ai vu ce que l’homme appauvrit :
Le sirop de sang roux gonflant la terre bleue,
Le cosmos végétal – les pierres flamboient et rient ! –
L’Aurore me dit son nom, mariant mers et cieux.